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TRANS 350, 2012. icon

Rendre compte de la transformation d'une ville


Le projet collectif Trans305 orchestré par l'artiste Stefan Shankland permet de bâtir une installation à l'échelle
1/25e la ZAC du Plateau, en pleine reconstruction entre la cité Pierre-et-Marie-Curie et la D5 à Ivry sur Seine en
juillet 2012


Objectif : rendre compte de la transformation d'une ville par le biais de la culture.


Chaque jour, 10 à 30 personnes participent au mini chantier, habitants du quartier, étudiants en architecture,
artistes plasticiens bénévoles se relaient pour vivre une expérience inédite et créé une maquette à l'échelle 1/25e
à partir des déchets du chantier où 400 logements et de nombreux commerces devraient sortir de terre d'ici deux
ans.


Les gravats et le sable des travaux à taille réelle sont réutilisés à l'élaboration de la maquette. « Les riverains qui
sont venus voir notre reproduction se rendent mieux compte des espaces qui sépareront les différents bâtiments.
Les chantiers urbains sont des ressources pédagogiques, artistiques ou expérimentales et non des nuisances »,
pose comme principe Stefan Shankland.


La maquette, installation éphémère, a été présentée dans le cadre de l'opération Nuit blanche de 2012.


GENÈSE D’UN ATELIER


En 2006, riches d’une longue expérience d’art public, les services culturels d’Ivry-sur-Seine souhaitaient proposer
d’autres manières de faire exister l’art dans la ville et dans les interactions citoyennes. Ils convièrent à leur réflexion
l’artiste Stefan Shankland, alors impliqué en Grande-Bretagne dans différents programmes pilotes de régénération
urbaine (urban regeneration programs). Durant cette même période, les grands projets de transformation d’Ivry
se dessinaient et les services d’urbanisme s’interrogeaient sur l’identité d’une ville en chantier. Stefan Shankland
imagina, en dialogue avec les services de la culture et ceux de l’urbanisme, TRANS305 : une « structure-support »
à l’échelle de ZAC du Plateau pour faire du chantier un atelier expérimental d’étude et de création.


ARCHIVES = OUTILS


Le projet d’investir artistiquement et culturellement une zone urbaine a été envisagé dans la perspective longue
d’une mutation : douze années de chantier. Certains besoins d’interactions citoyennes ont été formulés et des
objectifs techniques imposés par les acteurs du chantier ont jalonné le calendrier. Mais les enjeux principaux
restèrent l’approche prospective des méthodes de travail et la continuité des expérimentations artistiques sur le
terrain. De 2006 à 2018, de nombreux ateliers, visites, résidences, événements, études et expositions ont été
réalisés sur le site de la ZAC ou en regard de son activité, initiés par Stefan Shankland et mis en oeuvre par les
membres de l’équipe TRANS305. Le site internet TRANS305 / ARCHIVES rassemble une sélection de documents
dans une plateforme ouverte, à disposition de tous ceux qui ont pris part à ce projet, s’intéressent à son histoire
ou souhaitent continuer à entreprendre et à cultiver l’accompagnement artistique des transformations
métropolitaines.


ŒUVRE COLLECTIVE


Alors qu’il menait son activité dans différentes villes d’Europe, Stefan Shankland s’est rapproché d’Ivry-sur-Seine,
pour sa position géographique stratégique et son environnement culturel singulier de proche banlieue parisienne.
Il fut sélectionné pour de la Bourse d’art monumental d’Ivry en 1997 puis y installait en l’an 2000 son atelier. Ses
investigations portaient déjà sur les dynamiques de mutations et les écosystèmes à grande échelle : les zones de
transformation urbaine s’imposèrent vite comme une matière de recherche et un terrain d’action. Avec l’ambition
d’activer des espaces de rencontres et de collaborations interdisciplinaires, il proposa de faire du chantier de la
future ZAC du Plateau un atelier collectif à ciel ouvert. TRANS305 est devenu un lieu dont l’activité quotidienne
fut fondée sur l’expérience artistique, l’initiative pédagogique et les contingences dues à l’évolution d’un chantier. 
TRANS305 a constitué depuis sa création un espace d’observation, de formation et d’exposition des mises en
œuvre vivantes de la ville.


DÉMARCHE HQAC


TRANS305 s’est déroulé dans une période concomitante à celle de l’action de l’AFTRP (aujourd’hui Grand Paris
Aménagement), aménageur de la ZAC du Plateau (2007-2018). Un dialogue constant a dû être instigué entre les
différentes parties prenantes des transformations du quartier : services de la ville, aménageur, promoteurs,
entreprises du bâtiment, habitants, usagers, artistes, chercheurs, étudiants et visiteurs se sont impliqués à la
mesure de leur intérêt dans cette initiative culturelle. La démarche labellisée Haute Qualité Artistique et Culturelle
qualifie la prise en compte des phénomènes sensibles, esthétiques, naturels et humains dans la conduite du projet
urbain. Elle a été conceptualisée peu après le lancement de TRANS305 pour déjouer les formes attendues d’une
œuvre dans l’espace urbain et affirmer que le processus de création d’une œuvre d’art publique doit être aussi
soigné que l’objet livré.


QUELLES TRACES ?


Si l’on en croit l’expérience de TRANS305, la sculpture, l’image ou l’événement ont lieu quand une situation
urbaine, technique, sociale, politique incite une réaction ou un acte de création spécifique, et ce sans obligation à
priori de fabriquer des œuvres monumentales ou pérennes. Après douze années de travail in situ, l’importance a
été donnée aux traces qu’ont laissées les actes.


TRANS305 aura marqué la place du Général de Gaulle de sa sculpture en Marbre d’ici et la ZAC de son Atelier /
TRANS. Les installations créées au centre d’art d’Ivry et à la Cité de l’architecture et du patrimoine, les objets
graphiques de Frédéric Teschner, le web documentaire de Tawan Arun, les textes de Stéphane Tonnelat, les
installations de raumlaborberlin, les workshops du collectif YA+K, les recherches de RAUM, les photographies de
Sylvain Duffard, les films de Laura Delle Piane et de Vincent Peugnet, les dj sets, les reportages radiophoniques et
les projets éditoriaux sont autant d’empreintes que ce site rassemble. Mille autres traces habitent maintenant le
vécu des participants et des visiteurs de TRANS305. Si on ne peut archiver les changements de perception et de
pratique qui ont marqué les parties prenantes aux projets, on les devine chez ceux qui continuent à s’impliquer
aujourd’hui dans de nouvelles manières de voir et de faire l’art dans la ville.


Le site TRANS305 / ARCHIVES se veut un outil pour prolonger les échanges entre paires et nourrir les projets
urbains hors-norme, pensés comme des prototypes. Une méthodologie Learning from Ivry reste encore à écrire.


http://trans305.org/