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Enthomophagie, 2015. icon

« Enthomophagie », terme qui désigne la consommation d'insectes par l'être humain, est une série de
sérigraphies, chacune étant tirée de manière unichrome en noir, bleu, rose ou vert fluos. Sur l’une d’elle,
l’on peut lire dans une bulle reprenant les codes de la bande dessinée « s’il te plaît, je voudrais mélanger
maman » suggérant la présence de plusieurs membres d’une famille. Au premier plan, se dresse un
petit cône de ce qui semble être de la farine et juste derrière un paquet où sur l’étiquette peut se lire : «
poudre de chenilles, régalez-vous ». Trois œufs sont posés sur la table à côté d’un saladier où est glissé
un fouet. Deux plaquettes de beurre sont en arrière-plan. Sur la deuxième œuvre, l’inscription « à table
» apparaît dans une bulle puis disparaît. Sur une table, un verre à moitié plein occupe l’arrière-plan, de
fines bulles semblent suggéré de l’eau gazeuse. Au centre de la scène, une fourmi trône dans une
assiette vide. Deux autres fourmis sont sur la nappe, en dehors de l’assiette mais à proximité et s’en
rapprochent.


En 2010, l’UNESCO décidait de classer le repas gastronomique des Français comme patrimoine
culturel immatériel de l’humanité. Alors que le véganisme gagne nombre de pays occidentaux et que
les restaurants français ont fait entrée les plats végans dans leur carte, la plasticienne a été inspirée
par une datavisualisation vu dans Courrier International n° 1257 de décembre 2014 « Des insectes dans
nos assiettes » où elle apprend que ces derniers, savoureux, nutritifs et abondants, sont déjà au menu
de 2 milliards de personnes sur la planète. Mangerons-nous des insectes demain en France ? Seront
t’ils un nouvel ingrédient de choix dans nos repas ? En lien avec la réduction de notre empreinte carbone
mais notre nécessité en tant qu’humains de nous alimenter en protéines, les insectes, comparativement
à une vache ou une volaille, offrent en effet de multiples avantages. La mondialisation comme le
développement durable touchent tous les secteurs de l’économie et de la société et la gastronomie
française ne peut y échapper. En république démocratique du Congo, la consommation moyenne
hebdomadaire de chenille par foyer est de 300 grammes. En Asie du Sud, 150 à 200 incestes sont
répertoriés comme comestibles. Dans le même temps, si pour 100 gr, une poule procure 172 calories,
21 gr de protéines et 21mg de calcium, la fourmi apporte 100 calories, 17 gr de protéines et 48mg de
calcium pour bien moins de céréales ou d’eau nécessaire à son élevage (source FAO). Les bénéfices
environnementaux sont ainsi nombreux et poussent à leur progression dans nos menus Demain, nous
pourrions ainsi retrouver des insectes dans nos assiettes.


Maud Louvrier Clerc évoque ici le double impact de la mondialisation et du développement durable sur
nos modes de vie et le changement potentiel majeur que cela peut avoir sur nos plus vieilles traditions,
comme le repas de famille en France.