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Outside inside you and me, 2020. icon

La série d’aquarelles « outside, inside, you and me » déploient des rubans multicolores qui relient des carronds. Le carrond, fusion d’un demi carré et d’un demi rond, est une forme géométrique fétiche de Maud Louvrier Clerc, qui en fait un symbole d’équilibre. Les carronds deviennent des points de départ et/ou de retour de tentacules énigmatiques, à la fois cœurs, poumons et végétations imaginaires qui se déploient dans l’espace et s’interpénètrent de manière inattendue.

Les œuvres ont été réalisées, dans le contexte inédit du 1er confinement français de mars-avril 2020. Maud Louvrier Clerc évoque avec cette série à la fois l’interdépendance et l’étrange paradoxe de vivre un emprisonnement libre. Cloisonnement forcé ou respiration rêvée, temps de violente crispation ou de douce relaxation, la période semble donner lieu à des situations aux deux extrêmes et dans l’entre d’eux. Dans le même, l’espace physique et psychique où déploient les liens incessants et aléatoires qui s’opèrent entre les éléments (ici humains et virus), parties d’un grand Tout est ici interrogé.

Inspirée du film « Fenêtre sur Cour » d’Alfred Hitchcock où un homme accidenté observe ses voisins et de sa propre expérience de confinement avec son conjoint, la plasticienne déplie son motif fétiche d’équilibre, le carrond, qu’elle transforme en fenêtre. Fenêtres intérieures des psychés humaines ou fenêtres extérieures des appartements voisins, « outside, inside, you and me » insiste sur les foisonnants dialogues durant la période. La série évoque tant les cris silencieux de la solitude de certains citoyens que le merveilleux voyage des pensées vers des mondes d’après mise en place par les autres, tant les mouvements des corps serrés, qui étouffent, s’entrechoquent parfois dans la violence, que les mouvements de communion heureux ayant lieu chaque soir au balcon. Les couleurs fusionnent, tels des sentiments mêlés ou les expériences troublantes de la contagion des consciences.

Entre observation distanciée et autoportrait thérapeutique, les œuvres incarnent tant cette dualité entre calme extérieur et cri intérieur, cette capacité de contrôle propice à la vie en société ou en couple comme cette légèreté vitale ou l’art d’exprimer ce qui se vit à l’intérieur de nous au travers d’une danse, celle du pinceau d'une main, d'un corps habité par sa conscience d’être partie d’un écosystème.