cross

Loup m’entends-tu, 2012. icon

Loup m’entends-tu ? est une série de 4 aquarelles, réalisées avec du brou de noix, représentant un loup
et où 4 mots sont écrits, une sur chacune d’elle : venez, priez, aimez, courez.


Notre instinct sauvage est-il encore présent en nous, hommes, femmes partis vivre dans les villes loin
des forêts natales ? De quelle manière pouvons-nous nous y reconnecter ? La plasticienne s’interroge
avec cette série sur la faculté pour le citadin ou la citadinne de se reconnecter avec sa partie animale.
Elle choisit Le loup comme animal totem pour interpeller le public. Ce grand prédateur, éradiqué en
France comme dans de nombreuses régions du monde, adresse 4 messages : venez, priez, aimez,
courez. Le titre de la série est tiré d’une célèbre comptine française, composée vers le XVIIe siècle.
Loup y es-tu ? aussi appelée « Promenons-nous dans les bois » qu’elle revisite.


Venez tout d’abord, venez pour me retrouver dit le Loup, venez en forêt pour vous reconnecter à votre
esprit animal. En tant qu’animal totem, le loup est un des représentants les plus remarquables du monde
fascinant où nature et spiritualité se rejoignent. Le Shinrin yoku ou bain de forêt, est parallèlement une
pratique ancestrale dont les vertus ont été prouvé sur l’organisme, notamment par des études
scientifiques japonaises. Priez ensuite, c’est-à-dire connectez-vous à la Nature. Aimez alors. Aimez
vous ressentir vivant parmi cet écosystème dont vous êtes l’une des parties, ressentez cette
interdépendance. Courez enfin. Courez pour vite diffuser cette prise de conscience avant qu’il ne soit
trop tard. A l’heure de la sixième extinction de masse des mammifères, l’ancestral seigneur de nos
forêts nous interpelle !


La comptine « Promenons-nous dans les bois » est à la base d'un jeu de plein air entre de jeunes
enfants et un adulte. L'adulte joue le loup, il se cache. Les enfants le cherchent en chantant la comptine
et attendent la réponse du loup. Le loup est ainsi vite découvert mais les enfants préfèrent souvent
savourer la chanson en entier et se rapproche doucement. À la fin de la comptine, l'adulte sort de la
cachette et vient "ravir" les enfants – au double sens du terme : il les capture et les "mange" de baisers.
Le jeu a ceci d'intéressant, sur le plan de la psychologie enfantine, que les enfants savent très bien,
après les premières réponses de l'adulte, où se trouve le loup. Mais ils font semblant de ne pas le savoir
afin de différer le moment où se produira la découverte du loup, les embrassades et la fin du jeu. C'est
donc bien un véritable exercice psychologique à double ou triple niveau, avec de très jeunes enfants,
où est en action, en particulier, la théorie de l'esprit.


La théorie de l'esprit désigne, en sciences cognitives, l'aptitude cognitive permettant à un individu
d’attribuer des états mentaux inobservables (ex : intention, désir, croyance...) à soi-même ou à d'autres
individus. « Le principe de base étant celui de l’attribution ou de l’inférence, les états affectifs ou cognitifs
d’autres personnes sont déduits sur la base de leurs expressions émotionnelles, de leurs attitudes ou
de leur connaissance supposée de la réalité* ». Cette capacité est centrale dans la cognition sociale
humaine et joue un rôle primordial dans les interactions sociales — communication, empathie,
collaboration, etc. La théorie de l'esprit est aussi utilisée en intelligence artificielle, car elle est à l’origine
en informatique d’un type d’architecture appelé système symbolique.


*Extrait tiré de « La théorie de l’esprit : aspects conceptuels, évaluation et effets de l’âge », Revue de
neuropsychologie, vol. 3, no 1, 1er avril 2011, auteurs Céline Duval, Pascale Piolino, Alexandre Bejanin
et Mickael Laisney,