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Ecosystème, 2010. icon

 La série d’aquarelles Ecosystème présente quelques crustacés, poissons, algues, de l’univers marin.
Leurs mouvements dans l’eau sont signifiés par des traits légers au crayon papier et leurs couleurs
réalistes. Le fond est laissé blanc.


Quel est l’impact du réchauffement climatique sur l’écosystème marin ? Combien d’espèces impropres
à la consommation sont tués pour une crevette dans nos assiettes ? Berceau de la vie sur Terre, que
pouvons-nous observer aujourd’hui ?


L’artiste avec cette série esquisse à l’aquarelle quelques exemples épars du grand bouleversement de
l’écosystème marin : des espèces en voie d’extinction comme le requin ou l’hippocampe, aux espèces
invasives comme le bernard-l’ermite en mer du nord du au réchauffement climatique… en passant par
la chaîne alimentaire, du plancton au baleine. Aquarelles rapides et fragiles qui résonnent avec les
actualités dans les journaux fugaces et qui se succèdent, souvent sans vision globale et dans
l’indifférence générale face aux enjeux d’une situation dramatique à long terme.


L'océan mondial constitue le plus vaste écosystème de la planète. La vie est apparue dans l'océan
primitif il y a plus de 3,6 milliards d'années. Les premiers êtres pluricellulaires apparaissent dans les
océans il y a environ 600 millions d'années. Aujourd’hui, surpêche, pollutions, trafic, effet du
changement climatique menace l’écosystème marin dans son ensemble.


Si de nombreuses espèces sont protégées par des conventions internationales, elles sont pour
certaines d’entre elles menacées d’extinction, en raison du braconnage comme l’hippocampe par
exemple, souvent séchés et réduits en poudre pour des finalités cosmétiques ou de croyances diverses.
Par ailleurs, des milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière pour leurs
besoins en ressources alimentaires. Constituant l’un des principaux stocks de carbone sur la Terre, les
océans jouent également un rôle majeur de régulateur climatique en ayant absorbé plus d’un tiers des
émissions de CO2 émises par l’Homme. Mais ceci n’est pas sans conséquence sur la biodiversité et les
organismes marins qui peuplent ces océans.


Les récifs coralliens sont directement menacés par le réchauffement climatique. La température de
l'eau de surface des océans a augmenté en moyenne de 0,5 °C depuis 1860 jusqu'à aujourd'hui et les
prévisions du Giec annoncent la poursuite de cette augmentation de la température. Les eaux de
surface des océans se réchaufferont donc encore. Les récifs coralliens sont très sensibles aux
changements de températures du fait de leur faible capacité d'adaptation. En quarante ans, 40 % des
récifs ont déjà disparu et les scientifiques s'accordent à dire que si rien n'est fait d'ici 2050, la totalité
aura disparu et avec eux, une très grande partie de la biodiversité ! Au cours des 240 millions d’années
écoulées, les coraux ont évolués pour devenir l’un des écosystèmes les plus importants et les plus
complexes de la planète. Les récifs coralliens abritent plus de 4000 espèces de poissons, 700 espèces
de coraux, et des milliers d’autres plantes et de formes de vie animale. Les scientifiques estiment que,
au total, plus d’un million d’espèces de plantes et d’animaux sont associés à l’écosystème corallien.


« Les coraux sont les grands bâtisseurs des récifs actuels, assurant la charpente de ces mégapoles des
mers. Présenter le récif corallien comme une mégapole, c'est vouloir insister sur l'interaction qu'il y a
entre ses membres, chacun jouant un rôle essentiel au fonctionnement de l'écosystème. Avec les
bâtisseurs de condominiums coralliens, il y a toute une cohorte d'organismes: algues calcaires
encroûtantes qui solidifient la structure, éponges qui font office d'usines de purification des eaux,
grands nettoyeurs que sont les poissons, les oursins et les mollusques de toutes sortes,
photosynthétiseurs microbiens et algaires qui favorisent la précipitation chimique du carbonate de
calcium, producteurs de sédiments (algues calcaires, coquillages de toutes sortes) qui contribuent à 
remblayer la structure et ainsi la solidifier, lui permettant de résister à l'énergie des vagues. Mais il y a
aussi ceux qui contribuent à détruire l'édifice: corrodeurs lithophages, poissons friands de coraux,
certaines éponges perforantes, ainsi que la grande ennemie des coraux, l'étoile de mer Acanthaster, ...
et l'Homme. La charpente corallienne engendre une infinité de niches écologiques procurant un habitat
à des dizaines de milliers d'espèces de plantes et d'animaux, ce qui contribue à la singularité de cet
écosystème et à sa biodiversité très élevée. Tout comme on considère la grande forêt équatoriale
comme l'un des principaux dépositaires de la biodiversité terrestre actuelle, on peut dire que le récif
corallien est le principal dépositaire de la biodiversité marine. »


De leurs côtés, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), quelque 17
espèces de requins et de raies sur les 58 évaluées risquent l'extinction. Ces super-prédateurs
participent à la régulation de la vie sous-marine. Des études ont montré que la diminution de la
population de grands requins fait en outre baisser le nombre de crustacés et de certains poissons. Les
crevettes de la mer du Nord, qui évoluent en eaux froides, cèdent de leur côté du terrain à une faune
plus à son aise lorsque la température de l’eau grimpe de quelques degrés, comme le petit bernardl’ermite ainsi que des espèces plus exotiques. Les exemples sont sans fin.


Le bouleversement invisible de l’écosystème marin est en marche.