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La Main animal, 2021. icon

La Main Animal est une série de dessins calligraphiques où le mot cheval sert de trait. Sur un fond blanc
ou papier millimétré bleu, Maud Louvrier Clerc représente tantôt des tours de manèges tantôt une
cavalcade libre. Y apparaît la vitesse d’une écriture au trop par le rythme des lettres et des mots entre
eux et l’entre-deux de cette allure exigeante à tenir provoque tantôt des gestes rétrécis, tantôt amples.
La plasticienne interroge avec cette série la relation homme-animal, entre domination-soumission et
complicité-liberté qu’elle relie au rapport main-crayon pour le calligraphe.


Comme tous les arts, l'art équestre est le produit d’un rêve qui avec patience, discipline et ingéniosité,
contrefait le naturel pour produire du culturel, opérant ainsi un passage. Sollicité, le cheval montre des
allures et des airs qui égalent ou surpassent ceux qu'il donne en liberté. Telle la musique ou la danse,
le dressage semble pour l’artiste l’accomplissement d’une réconciliation des contraires entre rigueur et
lâcher prise, un équilibre dynamique entre une domination-soumission et une complicité fascinante
fondée sur l’alchimie entre les deux protagonistes. La beauté réside quand tous deux parviennent à
n'être qu'un. Source d’inspiration, l’artiste voit en l’équitation un parallèle avec son propre rapport avec
le crayon, le feutre dans la pratique du dessin calligraphique. Monter un cheval ou un autre est pour elle
aussi différent dans les sensations que se servir d’un stylo ou d’un autre. Le lien est spontanément facile
ou compliqué. Le glissement sur la feuille ou les premiers pas en disent long sur la suite de la relation.
Comme l’ouverture du capuchon, le diamètre du crayon, sa douceur ou fermeté, son adhésion avec la
main dont il deviendra prolongement est à l’instar de la rencontre avec l’animal que le cavalier. Le regard
ou la caresse avant de le seller, le toucher du pelage, la vérification des sabots, chaque geste
apprivoise… Précautionneux certains jours, parfois exécutées rapidement à d’autres moments, ces
préalables fondent la confiance. Respect de l’animal comme de l’instrument, cette danse entre l’homme
et l’animal ou du calligraphe avec son instrument a une particularité : son côté éphémère et imprévisible.
Vous pouvez monter le même cheval depuis des années ou vous servir du même type de crayon,
chaque rencontre est inédite et leur qualité tient selon la plasticienne plus au respect qu’à la technique.
Le mouvement se fait parfaitement rectiligne, puis totalement courbe, tantôt en allure continu, tantôt
sautillante, tendu puis fluide etc et « Le passage » d’un état à un autre et cet entre-deux magnifié entre
la marche et le galop devient thème d’exploration pour la plasticienne en lien avec son exploration
géométrique du carrond, fusion d’un demi-carré et d’un demi-rond, faite d’inlassables entraînements.


Cheval. Quelle danse provoque ce mot ? De cette interrogation est née cette série composée à ce jour
d’une trentaine de dessins. Au même titre que les 4 jambes de l’animal doivent dans l’air « le passage »
décomposer la course du trop, la calligraphe doit écrire et valoriser 5 lettres et en même temps
rechercher l’harmonie d’ensemble. La série vise à mieux comprendre les équilibres dynamiques entre
le cheval et son cavalier à partir de la musique du mot et au travers de son parallèle calligraphique
quand la main de l’artiste écrit le mot « cheval » en allure moyenne avec une recherche entre la
respiration de chaque lettre, temps suspendu entre chaque jambe pour le cheval, au sein d’un plus large
mouvement. L’amour serait-il l’élément permettant la symbiose ?