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Vulve, 2018. icon

Vulve est une série de dessins aux fusains, pastels et feutres, mêlant couleurs chaudes (rouge, rose,
orange) et froide (bleu). Maud Louvrier Clerc représente ici des parties ou l’ensemble des organes
sexuels féminins : grandes lèvres, petites lèvres, clitoris, vagin. Schématisée ou réinterprétée, prenant
la forme de fleurs, plantes, coquillages imaginaires ou de tracés chamaniques énigmatiques, la sexualité
féminine s’offre à voir.


Se sentant profondément féministe, dans l’objectif de promouvoir et atteindre l'égalité politique,
économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes, la plasticienne s’intéresse
plus particulièrement au lien étroit et complexe entre sexualité et procréation au niveau de l’inconscient
féminin, entre autorisation et devoir, plaisir et tabou, secret et révélation. Deux phénomènes
l’interpellent. Le premier est l’ultra médiatisation de mouvements féministes provocateurs comme celui
des femen : quels médias résisteraient à montrer des femmes exhibant leurs seins nus ? Et pour quel
message ? La revendication d'une simple égalité des sexes qui est encore non acquis et cela au niveau
mondial ! De l’autre, le silence assourdissant des médias sur la stérilité croissante des couples dans
les pays occidentaux, et son impact psychologique chez la femme, dû à des problématiques 1. sociales
: la nécessité de se marier ou d’être en couple pour se sentir autorisée à de donner la vie ou avoir le
droit à une sexualité épanouie et revendiquée sa liberté ; 2. médicales : avoir des enfants après 30 ans
est pour une femme est plus compliqué que pour un homme, l’endométriose, maladie qui touche une
femme sur 10 en France, est non diagnostiquée selon l’adage « toutes les femmes souffrent pendant
leurs règles » ; 3. environnementales : pollution impactant la fertilité masculine et/ou féminine… En
affichant les organes génitaux et sexuels de la femme, Maud Louvrier Clerc souhaite ici soulever
l'immensité du chemin encore à parcourir.


L’artiste a choisi de réaliser cette série au sujet intime dans un espace public, à l’invitation de la galeriste
américaine Kaleigh Johnson et critique d’art française Pauline Lisowski au sein de la galerie Artéfact
project space à Paris dans le cadre de l’exposition collective Retour aux Sources. Oser pour la première
fois dessiner en public étant une manière de relier le fond et la forme pour la plasticienne, d’établir une
correspondance entre son processus de libération personnelle et sa mise à nu et le message de son
œuvre. Cette réalisation fut rendue possible par la musique et plus spécifiquement l’album Utopia de
Björk, utilisée tout au long de la session artistique comme moyen libératoire et transcendant par l’artiste
pour entrer en transe légère.


Maud Louvrier Clerc évoque avec cette série l’importance de pouvoir faire exister au sein de la société
le féminin sacré, avec douceur et force, responsabilité et liberté. Être en capacité pour chaque femme
de l’offrir au monde et pour chaque homme de le respecter.