1972 est une oeuvre composée de 4 pièces roses : une pièce centrale de forme sinueuse et trois anneaux qui l'encerclent. Sur la pièce centrale est gravée plusieurs fois 1972. Trois anneaux de plus en plus grand élargissent peu à peu la pièce telle une carte topographique qui délimiteraient des différences d'altitude.
Lors de sa résidence à l'Institut des futurs souhaitables en 2012, Maud Louvrier Clerc dans le cadre d'un exercice de prospective pour imaginer la France en 2040, reprend le temps d'analyser ce qui semble constituer les dates clés du développement durable. 1972 est peut être la première d'entre elle. Tout d'abord, parce que 1972 est la date de la publication par le Club de Rome du rapport The Limits to Growth. Ensuite parce que 1972 est aussi l'année de la première conférence des Nations Unies sur l’Environnement, dite conférence e Stockholm qui entame les rencontres décennales appelées les Sommets de la Terre. Cette conférence fut préparée par de nombreux rapports dont "Nous n'avons qu'une Terre" rédigié par le biologiste franco-américain René Dubos et l'économiste britannique Barbara Ward. Elle a notamment permis d'établir un lien clair et argumenté entre environnement et développement et d'établir les bases du programme des Nations unies pour l'environnement. A l'heure où la France vit comme si il y avait 3 planètes, l'urgence d'une sensibilisation du grand public aux limites de la croissance semble encore d'actualité.
La gravure de la plasticienne évoque au travers de cette oeuvre l'onde de choc de cette date dans la conscience et l'inconscient collectifs des peuples. Telle une topographie mentale de la prise de conscience environnementale, la gravure se déploie. Ses 4 anneaux symbolisent 4 décennies : années 70, 80, 90, 2000. L'oeuvre évoque ainsi la propagation ou ondes de choc de ce rapport et de la conférence sur la sphère intellectuelle et sur le grand public.1972 débute une grande vague de sensibilisation.
L'artiste a choisi pour cette gravure du plexis ou polyméthacrylate de méthyle régulièrement abrégé en PMMA. Les matières premières du PMMA ne sont pas des susbtsances respectueuses de l'environnement : acétone, méthanol, cyanure d'hydrogène et acide sulfurique, ces deux derniers en particulier sont très toxiques. Le produit final est un plastique, tout à fait inoffensif et extrêmement polyvalent. Le PMMA est encore à la date de création de l'oeuvre très largement utilisé et vendu dans n'importe quel magasin de bricoloage, comme si de rien n'était...
Graver 1972 dans nos mémmoires, graver encore et encore 1972 dans la matière, graver 1972 dans un dérivé du pétrole, c'est peut être une manière pour l'artiste de redire au monde qu'il y a des limites à la croissance...
1972
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L'oeuvre appartient à la série "Les grandes dates" toujours ouverte par l'artiste. Est déjà l'étude une oeuvre pour 1987... |