Loup m’entends-tu ? est une série de 4 aquarelles représentant un loup qui adresse 4 messages au spectateur : venez, priez, aimez, courez.
Notre instinct sauvage est-il encore présent en nous, hommes et femmes partis vivre dans les villes, si loin de nos forêts natales ? De quelle manière pouvons-nous nous y reconnecter ?
La plasticienne s’interroge avec cette série sur la faculté pour le citadin de se reconnecter avec sa partie animale. Elle choisit Le loup comme animal totem pour interpeller le public. Ce grand prédateur, éradiqué par l’homme en France comme dans de nombreuses régions du monde, adresse 4 messages : venez, priez, aimez, courez. Le titre de la série est tirée d’une célèbre comptine française, composée vers le XVIIe siècle. Loup y es-tu ? aussi appelée Promenons-nous dans les bois (1) qu’elle revisite. Venez tout d’abord, venez pour me retrouver dit le Loup, venez en forêt pour vous reconnecter à votre esprit animal. En tant qu’animal totem, le loup est un des représentants les plus remarquables du monde fascinant où nature et spiritualité se rejoignent. Le Shinrin yoku, bain de forêt ou sylvothérapie, est parallèlement une pratique ancestrale dont les vertus ont été prouvé sur l’organisme, notamment par des études scientifiques japonaises. Priez ensuite, c’est-à-dire connectez-vous à la Nature. Aimez alors. Aimez vous ressentir vivant parmi cet écosystème dont vous êtes l’une des parties, ressentez cette interdépendance. Courez enfin. Courez pour vite diffuser cette prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard. A l’heure de la sixième extinction de masse des mammifères, l’ancestral seigneur de nos forêts nous interpelle ! Les aquarelles sont réalisées au brou de noix, une encre brune naturelle extrait de l'écorce de la noix. Son utilisation est symbolique. Le brou de noix a en effet des propriétés vermifuges, antifongiques et antiseptiques.
(1) La comptine est à la base d'un jeu de plein air entre de jeunes enfants et un adulte. L'adulte joue le loup, il se cache. Les enfants le cherchent en chantant la comptine et attendent la réponse du loup. Le loup est ainsi vite découvert mais les enfants préfèrent souvent savourer la chanson en entier et se rapproche doucement. À la fin de la comptine, l'adulte sort de la cachette et vient "ravir" les enfants – au double sens du terme : il les capture et les "mange" de baisers. Le jeu a ceci d'intéressant, sur le plan de la psychologie enfantine, que les enfants savent très bien, après les premières réponses de l'adulte, où se trouve le loup. Mais ils font semblant de ne pas le savoir afin de différer le moment ou se produira la découverte du loup, les embrassades et la fin du jeu. C'est donc bien un véritable exercice psychologique à double ou triple niveau, avec de très jeunes enfants, où est en action, en particulier, la théorie de l'esprit. La théorie de l'esprit désigne, en sciences cognitives, l'aptitude cognitive permettant à un individu d’attribuer des états mentaux inobservables (ex : intention, désir, croyance...) à soi-même ou à d'autres individus. « Le principe de base étant celui de l’attribution ou de l’inférence, les états affectifs ou cognitifs d’autres personnes sont déduits sur la base de leurs expressions émotionnelles, de leurs attitudes ou de leur connaissance supposée de la réalité* ». Cette capacité est centrale dans la cognition sociale humaine et joue un rôle primordial dans les interactions sociales — communication, empathie, collaboration, etc. La théorie de l'esprit est aussi utilisée en intelligence artificielle, car elle est à l’origine en informatique d’un type d’architecture appelé système symbolique. *Extrait tiré de « La théorie de l’esprit : aspects conceptuels, évaluation et effets de l’âge », Revue de neuropsychologie, vol. 3, no 1, 1er avril 2011, auteurs Céline Duval, Pascale Piolino, Alexandre Bejanin et Mickael Laisney
Extrait du journal de l’artiste : « Je suis loup dit l’Homme Nature. Je suis louve dit la Femme Nature. Je suis un prédateur ou une prédatrice au sein d’un écosystème, au sein d’un écosystème que je connais, que je respecte. J’ai conscience de vivre en interdépendance. Je chasse, je dors, j’écoute, j’observe, je sens… Je suis lapin dit l’Homme Robot. Je suis lapine dit la Femme Robot. Je suis une proie au sein d’un environnement, au sein d’un environnement qui m’effraie et que je tente donc de dominer et de manipuler. J’ai l’illusion de croire à mon indépendance. Je cours, toujours plus vite, toujours plus loin. Je cours à pleine vitesse, droit vers les phares aveuglants de ma propre peur, celle de ma mort. Je cours à m’en paralyser les membres et bientôt je devrais m’arrêter. Mais parce que je suis née louve, j’hurle. J’hurle à mon clan. Mais parce que je suis née louve, mon hurlement n’est qu’un chant. Un chant puissant mais qui se confond avec celui du vent… » |