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Publication dans le numéro 7 de la Revue Poésies Plastiques de ma série de dessins-aquarelles : "La disparition du sable" en collaboration avec Laurie Courtois autour de son texte : "Variations autour de Moun". Présentation par le rédacteur en chef Frédéric Chavreau : "Les dessins colorés de Maud LOUVRIER CLERC nous confrontent à une somptueuse série de réactions chimiques, qui, lorsqu’ils se mêlent aux poèmes de Laurie COURTOIS, produisent une fascinante alchimie du verbe. Les Variations autour de Moun, écrites par Laurie COURTOIS, accompagnent ces métamorphoses colorées d’un cheminement poétique et narratif, qui nous porte vers des horizons inattendus. Laissez-vous happer par les nuances bleutées des aquarelles de Maud LOUVRIER CLERC , dont les contrastes de valeur nous entraînent dans une couleur abyssale, d’une profondeur océanique. La dilution de l’aquarelle, dans les dessins de Maud LOUVRIER CLERC, nous convie à d’étonnantes envolées oniriques, librement déployées par le biais du poème de Laurie COURTOIS. Ainsi, lorsque la peinture aquarelle bleue se diffuse dans l’eau, nous pouvons aisément y reconnaître les nuances de « la mer » ou d’un « Ciel inouï ». Puis, lorsque l’eau chasse la couleur sur les bords de la goutte, nous décelons « l’immémorial Creuset ». Plus loin, des cristaux de sel forment dans la couleur de surprenantes arborescences, que nous pouvons associer aussi bien à « une autre poussière », qu’à un « rêve ». Ou encore, ces captivantes efflorescences mouvantes nous invitent à nous plonger « dans les cailloux dans les fleurs dans les nuages ». À d’autres endroits, la forme des gouttes se fait quasi ovoïdes, et prend une dimension gustative : « Fèves farineuses en-dessous la langue, Que tu laisses macérer, écœuré, dans la salive » . Puis la matière cristalline de la peinture salée rend visible des « Sables opposés », tandis que la répartition des gouttes de couleur dans la page suggère un mouvement « plus proche de la danse ». En somme, la variation colorée sur une forme simple – la goutte- nous entraîne dans un ballet imaginaire, vertigineux et abyssal." Interrogée sur sa démarche, Maud LOUVRIER CLERC a explicité le déroulement de sa collaboration avec Laurie COURTOIS: « J’avais d’abord imaginé me servir d’un seul-dessin-aquarelle en prenant des photographies en zooms pour y égrener le texte. Puis, il m’a semblé que cela serait trop répétitif, le texte était en effet long et les mots s’enroulant autour de mes récifs marins avaient besoin de plus d’espace. J’ai ainsi changé d’avis et proposé à Laurie de prendre un ensemble d’œuvres sur lequel, telle une marée qui transforme inlassablement une plage, les mots viendraient se promener. Laurie a accepté et je lui ai proposé d’opérer les coupures, c’est-à-dire le choix texte-visuel, il s’agissait pour elle de décider du rythme, comme la Lune agit sur la mer, Moon avait le choix des intensités. Puis j’ai opéré le positionnement du texte au sein de l’image, échouant les phrases telles des algues ou des coquillages ici ou là… au gré des mouvements invisibles des courants. » Maud LOUVRIER CLERC, courriel du 4 juillet 2021 Note d’intention des auteurs : Variations autour de Moun est un texte sur l'exil. Exil géographique, physique, qui marque aussi un retour à l'in-fans, à l'avant-langage. Laurie Courtois y questionne le seuil du langage dans le mouvement de l'exil. Les œuvres de la série La Disparition du Sable donnent à voir un regard multiple, entre archipels, profondeur océanique et écumes de mer. Maud Louvrier-Clerc y évoque l’érosion naturelle des roches et coquillages sous l’action du sel et celle liée à l’activité humaine. A la fois impression et omniscience, l'image permet de donner aux mots leur réelle respiration ; les phrases se désagrègent, les ponctuations se perdent. Leur mariage donne à vivre ce flux et reflux, telle la marée qui à partir du sable transforme inlassablement la plage. Chaque phrase s'érode et advient grâce au geste pictural qui dédouble l’organique, renforce l’éprouvé. L'ensemble oeuvre-texte devient une errance où vagabonde l’âme. La lente désagrégation amoureuse qu’impose l’exil devient fureur de vivre, célébration de la beauté du vivant. REVUE POÉSIES PLASTIQUES n°7 ISSN : 2727-9855 |