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Rencontre Proxémie du 18 mai 2021 Un grand merci à mes invités, la galeriste Ségolène Brossette, l’historien d’art-critique-producteur et romancier Romain Arzam et le financier Xavier Clerc. Extraits de nos dialogues Quels liens entretenons-nous entre le monde réel et le monde virtuel ? Il s’agit tout d’abord d’une question de périmètre. Pour certains le monde virtuel reste d’un usage exclusivement professionnel, avec quelques apartés personnels, parfois deux comptes au lieu d’un parfait ce dédoublement identitaire. Pour d’autres la réunification brise les barrières. Risque ou adaptation ? La question demeure. Un constat s’opère unanimement en revanche sur le caractère « vital » du monde virtuel, son pouvoir de caisse de résonance souvent inégalable dans le monde réel. Des opportunités y sont vécues. Se pose cependant parfois le problème de la distorsion. Loin de l’intelligence des corps et des âmes qui observent chaque sourire, chaque regard, chaque ondulation tonale de la voix, le monde virtuel aplatit les propos, les rendant robotiques pouvant provoquer des difficultés d’interprétation voir de vrais malentendus. Par ailleurs les tableaux de programmation qui font des fils d’actualités carrés mais standardisés peuvent devenir si froids, si peu « habités » que la peur de voir le monde virtuel devenir un lieu « déshumanisé » n’est pas sans fondement. Et si la technologie n’avait rien d’innovant en cela où il s’agit encore ici de l’éternelle différence entre être et paraitre. Mais ne tiendrait-il pas qu’à nous d’y être passionnément authentique ? L’égalité des accès quelques soit son statut social, degré d’étude etc marque de son côté une rupture comme la consternant primauté de la quantité par rapport à la qualité. Montre moi 1 million d’abonnés et tu seras relayé grâce aux algorithmes, même si tu n’as rien à dire ou presque, tu es influenceur ! Mais n’est-ce pas là le simple reflet du caractère hautement mercantile de notre société, où chaque contenu est mesuré à son public ou son potentiel publicitaire ? S’en détacher, c’est assurer sa sérénité. Il s’agit enfin de gérer l’accélération de contenus, de la consommation à la production. Le défi semble clair : reprendre la maitrise du temps. En coupant les notifications, en faisant de sa présence sur les réseaux sociaux un rituel méthodique ou joyeux, chacun invente son mode opératoire. Contrôler l’outil permet dans tous les cas d’en éviter les pièges et d’en savourer les bienfaits. Tel un cheval lancé au galop, puissions-nous espérer que le calme heureux de son/sa cavalier/ière procurera à ce voyage virtuel un souffle sacré. ---- En lien avec mes recherches débutées en 2018 et de ma série « Architecture réelle, architecture virtuelle, y’a-t-il fusion, juxtaposition, friction ou collision », je crée en 2020 les rencontres Proxémie. Les rencontre Proxémie * entendent dévoiler, disloquer, reconfigurer la distance qu’il y a entre nous. *La Proxémie est une approche du rapport à l'espace et aux autres introduite par l'anthropologue américain Edward T. Hall en 1963 qui étudie les distances sociales, notre façon d’occuper l’espace en présence d’autrui et fonde ainsi notre identité. Le terme désigne ainsi d’après Hall « l'ensemble des observations et théories que l'Homme fait de l'espace en tant que produit culturel spécifique » |