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VITA NOVA prend place au sein du programme européen Synenergene, consacré à la biologie de synthèse. www.bioresp.eu/activites-passees/vita-nova-2 Ce processus, porté par 23 partenaires, réalise des rencontres et manifestations afin de permettre au grand public de découvrir et questionner les possibilités biotechniques. Synenergene fait partie des plans de mobilisation et d’apprentissage mutuel (MMLAP) pour la recherche et l’innovation responsables (RRI) soutenus par l’Union européenne (UE) et se déroule de juillet 2013 à juin 2017. L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne porte le volet français. Celui-ci est conçu comme une spirale avec une implication progressive des parties prenantes concernées, intéressées, éloignées. Des partenaires (espaces d’innovation sociale, lieux culturels, grandes écoles, institutions, ONG…) ont été mobilisés pour soutenir cette dynamique au sein du Comité de prospective. VITA NOVA a été conçue comme une rencontre artistique, citoyenne et scientifique. VITA NOVA s’inscrit dans un ensemble d’autres manifestations : Colloque DYBio et Biologie synthétique (26 juin 2015), les BOULLIMICS (de novembre 2015 à mars 2016), QUESTIONS DE VIES (d’octobre 2015 à avril 2016) etc La rencontre met en scène les œuvres d’une quinzaine d’artistes ou designers : David Guez, ORLAN, Catherine Nyeki, Carole Collet, Claude Cehes, Mael Le Mée, Sarah Garzoni, Maud LC, Louis Rigaud, Catherine Voison, Golnaz Behrouznia, Marion Orfila, Matthias Schmitt. Virginie Thibaud y apporte sa contribution théâtrale. Elle s’articule selon deux pôles, l’interdépendance des organismes et la fabrique des « artefacts », au sens de produits artificiels réalisés par l’homme. Il s’agit d’explorer les différences et les similitudes entre la créativité du vivant, la créativité technique et la créativité artistique. Jouant ainsi entre les possibles et les fantasmes, chacun pourra dialoguer et s’interroger. « Bon gré mal gré, du fait de la biologie, nous accédons à un autre monde – et qui ne sera sans doute ni le meilleur ni le pire. L’aspect le plus troublant de ce proche futur est assurément celui qui touche à la modification intentionnelle de l’homme par l’homme, soit qu’on utilise les méthodes de sélection naturelle, soit qu’on agisse directement sur les acides nucléiques, déterminateurs de l’hérédité…. Cette « anthropotechnique » n’est peut-être pas pour demain, mais elle viendra, inutile de chicaner sur les détails. Il y a un sens de la biologie comme il y a un sens de l’histoire. L’être humain ne peut s’empêcher qu’il n’en vienne tôt ou tard, à se regarder comme un simple matériau natif, dont il s’appliquera à tirer le meilleur parti, comme aujourd’hui il s’applique à améliorer la qualité d’un acier ou d’un caoutchouc. » Jean Rostand, Inquiétudes d’un biologiste, Paris, Gallimard, 1967. Comment considérons-nous les organismes vivants, dès lors qu’on les instrumente et qu’on les modifie ? Que deviennent nos corps, nos existences, nos élevages ou animaux de compagnies, nos écosystèmes dès lors qu’ils sont remaniés, hybridés, connectés ? Quelles cohabitations entre organismes naturels et « artificiels » sont possibles, souhaitables ? Pour quels projets et quel monde commun ? Ce vivant qui nous tient Le grouillement des bêtes, les formes et astuces du monde vivant nous prennent aux tripes. Concernés car enchâssés dans le monde vivant, nous n’en finissons pas d’explorer ses myriades d’inventions. Insectes invisibles dans les feuilles, parasites manipulateurs, bactéries colonisatrices de tous les milieux et de notre propre corps, virus tueurs ou protecteurs, molécules flexibles, machineries cellulaires… Fascinant et inquiétant à la fois, ce monde s’enrichit d’inventions biotechnologiques en tout genre. Lapins fluorescents, brebis clonées, levures productrices d’huile de palme, d’antipaludéen ou de morphine, tomates transgéniques, algues à biocarburants, bactéries synthétiques mangeuses d’arsenic, arbres luminescents… sont au menu des jours futurs. Car la biologie de synthèse déploie des outils puissants de remaniement des génomes pour pousser plus loin le « design à façon » des organismes vivants, amorcé avec l’ingénierie génétique des années 1970. De la domestication du vivant au vivant synthétique… Métamorphoses synthétiques Les usines vivantes sont-elles vouées à remplacer nos manufactures mécaniques et chimiques pour répondre à nos besoins en énergie, santé, alimentation, dépollution ? À l’heure où nous cherchons des solutions soutenables pour l’innovation, le recours aux organismes vivants renouvelables implique-t-il de les « doper », de les recombiner, de les muter, ou d’en construire de nouveaux ? L’ampleur des projets de la biologie de synthèse et les enjeux de cette industrialisation du vivant, ou « bioéconomie », impliquent que chacun puisse appréhender le futur qui se prépare dans les laboratoires D’autant que les tensions ne vont pas manquer de se manifester tant sur les ressources disponibles – avec les arbitrages nécessaires entre destinations alimentaires ou industrielles – que sur les terres avec la frénésie des accaparements des espaces fertiles de la planète. Pour envisager les choix techniques qui s’offrent à nous, il importe de les repérer, de les comprendre et de les mettre en contexte. Partir des expériences de chacun avec le monde vivant : relations avec la nature, les animaux, le corps (naissance, santé, sport, handicap…). Confronter ces attachements aux situations à venir quand les robots s’animeront, les hybrides bioélectriques se multiplieront, les champs et les mers abriteront des espèces artificielles… S’interroger sur nos « biopouvoirs » et penser leurs effets : comment mangerons-nous demain ? Que seront nos élevages et nos champs ? Quelles réparations ou améliorations ferons-nous à nos corps, à nos enfants à venir ? Pourrons-nous revenir en arrière ?
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